Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et Rupert les utilisa. M. Laurin, placé à l’écart, ne pouvait rien voir, mais Charlot effrayé courut l’avertir.

La cour entière décida la quarantaine envers le dénonciateur ; j’en fus prévenu. Cette mesure paraissait devoir être sans effet sur Charlot qui ne se mêlait à aucun jeu. Cependant, le lendemain, les groupes affectèrent de se disperser à son approche, et bientôt, tous réunis le huèrent. Charlot réfugié contre la barrière, les mains aux poches, souriait avec embarras en répétant : « Qu’est-ce que ça peut me faire ?… » Sa blouse froissée par l’usage ne s’arrondissait plus autour de lui, et pendait de son cou comme une serviette. Son frère n’était pas le moins prompt à le charger de reproches. Je me trouvais seul à l’extrémité de la cour ; il vint à moi, les autres le suivaient et sa marche en était gênée ; je le vis qui s’approchait avec son sourire et son pas incertain… Je m’éloignai. Quand j’osai retourner la tête, Charlot répétait encore : « Ça m’est bien égal ; ça