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ment. Ravet seul, qui avait flairé le larcin, vint tourner autour de nous ; Rupert dut acheter son silence, et demeura près de moi pendant le reste de la promenade ; on rentra trop tôt à mon gré.

Je ne doutais plus d’avoir gagné l’estime de mon camarade, et je ne pouvais assez me louer du procédé qui me l’avait méritée. Je rêvai pendant toute l’étude à la douceur que cette amitié allait mettre dans ma vie, et je fus très étonné qu’on m’appelât au parloir où Justin venait, de la part de ma tante, s’informer de la façon dont j’avais supporté la consigne ; il me trouva serein et s’en fut rassuré. Rentré en étude, je vis Rupert s’absorber volontairement dans une lecture d’où je tentai vainement de le tirer. Au réfectoire, je laissai Ravet et Calvat qui mangeaient près de moi, se partager mon dîner dont je ne voulus que le dessert ; déjà Rupert ne me prêtait plus la même importance. Il feignit de ne pas me voir en sortant pour le coucher. Je montai l’escalier du dortoir der-