Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.

liait Calvat et Ravet ; on les trouvait échangeant des choses qu’ils cachaient vite, et de la monnaie sonnait quelquefois dans leurs doigts. Rupert était seul assez fort pour vivre sans personne, car Méjean qui ne le laissait guère, n’en recueillait que de l’indifférence et n’eût pu compter sur son aide que pour se défendre contre les coups ; il jouait sans cesse et semblait ne chérir que le ballon qu’il frappait du pied, des poings et encore de la tête ; il se plaisait à passer brusquement entre ceux qui causaient, à les prendre comme un obstacle pour tourner autour d’eux, ou à les faire s’embrasser par force en courbant leur nuque sous ses paumes. Il n’avait d’attention que pour les Grands auxquels il lui tardait de se mêler ; chez nous, il décourageait toute avance. C’est lui surtout que j’aurais souhaité pour ami.

J’avais la sensation qu’il ne me voyait pas ; un jour, une averse subite nous força de nous réfugier sous le toit du préau, où nos pieds firent lever tant de poussière que les