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quente et prévue, du Surveillant Général nous laissait presque indifférents ; le bureau de celui-ci était visible à tous ; lui-même se montrait sur le seuil au moindre bruit suspect en cour ; il assistait à la rentrée des études et des classes, surveillait le réfectoire et montait souvent au dortoir ; il nous devenait aussi familier que les maîtres. Mais une atmosphère mystérieuse enveloppait le Directeur ; l’entrée de son cabinet avait deux portes, dont l’une matelassée, entre lesquelles tout bruit de voix venait mourir. Lorsque la semonce du Surveillant ne suffisait pas à remettre en bonne voie l’élève dont un maître s’était plaint, cet élève se voyait appelé chez le Directeur d’où il sortait en pleurs, sans qu’on pût rien savoir de l’entrevue. L’Étude en devenait silencieuse, et l’on y entendait les hoquets par quoi s’achèvent les crises de larmes. Le Directeur venait encore la nuit au dortoir, réveillait un ronfleur qui tressaillait de le reconnaître, et le bruit de son passage courait de lit en lit,