Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

se montrer des albums de timbres rapportés des vacances. Presque tous étaient revenus avec de nouveaux habits ; Méjean portait un complet de drap gris et un chapeau de paille, Rupert un costume de coutil ; Bereng se parait de cravates claires qu’il échangea bientôt, avec Calvat, contre un canif. Aucun ne différait de prendre les vêtements donnés pour l’été par la famille ; la cour en avait un air de fête, mais les externes s’y distinguaient encore par leur col blanc, le nœud soigné de la lavallière, par leurs souliers mieux cirés aussi.

Il y avait un nouveau dans notre étude ; un garçon de douze ans d’une grande beauté de visage, mais que l’indolence de son regard rendait sans attrait. Il fut, comme je l’avais été, l’objet d’une curiosité dont son indifférence le délivra promptement. Aux récréations, il restait adossé contre un arbre ou assis au seuil d’une classe, les yeux vagues, les mains posées, paumes ouvertes, à côté de lui. Je dus lui céder ma place selon le désir de