Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mère picorait les œillets brillants de mes souliers. Il fit si bon, un soir, que ma tante sortit avec moi, après dîner, sur la terrasse ; une lueur auréolait le toit du hangar, et bientôt la lune s’y montra toute ronde. Elle montait lentement parmi de petits nuages, les vapeurs de sa surface dessinaient une vague géographie ; ma tante croyait y voir un homme chargé de bois qui passait. Mais Terrouet avait démenti que la lune fût habitée et gagé à Bereng que cet astre était mort, comme le serait un jour la Terre ; M. Laurin lui avait donné raison. La fraîcheur nocturne se faisant plus sensible, nous rentrâmes pour gagner nos chambres, et, comme je retrouvais dans la mienne toutes mes anciennes frayeurs, je me pris à regretter la veilleuse, l’alcôve protectrice et le sommeil en commun du dortoir.