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voisin ouïr la première messe. Ma mère et ma tante communièrent côte à côte, et je vis le soleil entrer, rouge et violet, par les vitraux du chœur. À la sortie, le bonheur était sur les visages, le désir de parler sur les lèvres, on se félicitait du temps pur. Le pauvre du seuil recevait les aumônes, et, dans le ciel qui riait, tous les blancs pommiers de la terre semblaient s’être envolés !… « Jésus est ressuscité », me dit ma mère, et je le répétai après elle en l’embrassant. Son front, soucieux d’habitude, resplendissait ; des bandes de blé nouveau divisaient les labours roses. Elle me dit encore : « Comme ce beau temps fait aimer le bon Dieu ! »… J’aurais voulu courir ou chanter.

J’allai, ce jour même, chercher Charlot au Collège ; je le trouvai dans la cour que le maître des Grands surveillait. Il avait imaginé avec Ravet un jeu qui consistait à trouver une boule que l’un d’eux cachait de son mieux. Le croquet délaissé alignait ses arceaux, des maillets gisaient à terre, le ballon était « per-