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m’assura toutefois que les oiseaux du ciel s’en dispensaient eux-mêmes ; je sentais comme une attente autour de moi. Pendant les tièdes heures que je passais au jardin, le bruit du vent dans les branches, l’odeur d’herbe, l’enveloppe collante des derniers bourgeons que mes doigts rencontraient dans le sable, le cri des moineaux, le bouquet de fête des pommiers et les haies déjà blanches, empêchaient que je fusse triste ; le verger en fleur s’emplissait d’un parfum traînant de miel et d’amande ; des papillons l’assaillaient vers midi, puis venaient des bourdons de velours et des mouches moins vives dont le soleil traversait le corps diaphane. Ma joie n’attendait qu’un signal pour jaillir.

Ma mère arriva la veille de Pâques et nous porta les regrets de mon père retenu au Chef-lieu. Le réveil du lendemain fut une ivresse. Les baisers heureux s’y mêlèrent au chant des cloches revenues, à la fraîcheur de la route que nous suivîmes pour aller au village