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pas, Charlot non plus, l’aîné seul ayant trouvé asile chez son parrain. Calvat demeurait aussi ; on venait de découvrir qu’il se livrait, aidé d’un externe, à un commerce d’oranges fort rémunérateur, et deux jours de consigne devaient l’en châtier. Je promis à Charlot de venir souvent le prendre, en laissant le Collège à mon tour ; mais du seuil où je me retournai, je le vis qui pleurait dans la grande solitude des préaux.

Je retrouvai ma vie paisible à La Grangère. Une lettre récente de ma mère y annonçait son retour prochain et sa visite probable pour la semaine suivante ; ma tante m’en lut quelques passages qui s’appliquaient plus expressément à moi, et j’y trouvai une abondance heureuse de projets et de tendresse, qui me réjouit d’autant mieux que j’étais moins accoutumé à tant d’allégresse. Dès le dimanche, nous fîmes bénir à l’église des branches de laurier fleuri qui sentaient l’amande ouverte, et que Segonde fixa sous le crucifix, à la tête de nos lits. Puis, avec la