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distinguait encore, et leurs yeux montraient une joie qui n’était pas dans les nôtres. Il en venait d’autres au repas ; ils s’asseyaient près de nous sans vouloir toucher à leur part qu’ils cédaient aux voisins ; les derniers nous attendaient au pied de l’escalier du dortoir. Méjean seul rentrait après l’heure, alors que le maître lui-même était couché, et la longue salle pleine d’un sommeil que faisaient plus pesant le grand air respiré et la marche inaccoutumée ; mais je l’entendais gagner sa place sur la pointe des bottines qui craquaient, dévêtir sa chemise roide, croquer un dernier biscuit, ou laisser tomber de sa poche des noisettes qui roulaient sous les lits.