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une odeur de feuilles rouies ; au loin, après les champs de vigne où se profilaient des arbres nus, l’horizon pâlissait sous un voile de brouillard fin. Charlot ramassait des cailloux ; il ne cessait pas de se baisser, croyant toujours trouver le plus rare qu’il jetait bientôt à la vue d’un nouveau. Il finissait par gonfler les poches vides de l’uniforme, autant que l’étaient, dans la semaine, celles de son tablier où se trouvaient ensemble un mouchoir, de la ficelle, une toupie, des bons points, de la craie, un couteau et, quelquefois, des choses plus inattendues qu’eût pu lui envier Ravet. Parmi ces cailloux ramassés en chemin, il m’en montra de polis comme des dragées, d’autres translucides qu’il pensait être pleins d’une eau congelée ; l’un d’eux plus rugueux, cassé par la masse du cantonnier, laissait voir un cœur cristallin, violet clair, qui me rappelait les grains du chapelet que ma tante disait à l’église ; deux galets plus gros, choqués ensemble, donnaient une étincelle et sentaient la pierre brûlée. Char-