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me pénétrait. Les champs étaient déserts, les logis fermés, des appels aux Vêpres traînaient sans qu’on pût deviner où sonnaient les cloches ; on eût cru, par moment, qu’elles tintaient très haut, au delà de la voûte grise du ciel. Nous marchions d’un pas mesuré que le maître hâtait quand il le jugeait trop peu rapide pour le parcours imposé. Ce n’était pas toujours M. Laurin qui nous conduisait, mais, quelquefois, le maître des Moyens dont la moitié des élèves se joignait à nous. Il était violent, aigri par sa division difficile et se montrait dur, même avec nous. Quel qu’il fût, le maître ne voulait pas qu’on demeurât en arrière.

On avançait en causant, le long de la route, à deux ou à plusieurs suivant les sympathies. Certains allaient seuls ; j’étais souvent de ceux-ci. Les herbes commençaient à pousser aux pentes des fossés, et, dans l’épaisseur épineuse de la haie, restaient piqués les fruits rouges de l’aubépine ou la menue poire orangée de l’églantier. Il traînait