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de ma témérité. Dans ses réponses datées d’une petite ville de Provence, ma mère me demandait de prendre patience, de travailler bien, de n’être pas triste, et m’assurait de sa grande affection. Je gardais ses lettres sur moi et les relisais chaque soir, mes devoirs achevés ; en me couchant, je les glissais sous mon traversin.

Il me fallut suivre, outre celle du jeudi, la promenade du dimanche qui m’était plus pénible encore. La ville que nous traversions rangés par deux, avait son air de fête, et les gens s’arrêtaient sur les allées pour nous regarder passer. Un peu de fierté me venait de mon uniforme ; je l’oubliais à voir les enfants simplement vêtus qui tenaient la main de leur mère. Les dernières maisons dépassées, le maître donnait le signal, et, les rangs rompus, nous allions, groupés à notre gré.

J’éprouvais d’abord quelque joie de me trouver à l’air libre et devant la campagne, puis, peu à peu, je ne sais quelle langueur