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11.240 mètres environ. Le plan que nous avons sous les yeux est un projet idée, accompagné d’un devis global destiné à faire connaître au public les grandes lignes de l’entreprise que l’Architecte avait étudiée, peut-être en vue d’une Société à constituer pour en assurer la réalisation, car ce projet à l’époque fut pris assez au sérieux pour inquiéter les propriétaires des Hôtels qui craignirent d’être expropriés.

L’entrée du souverain et des abonnés se faisait dans une grande cour, couverte probablement, ayant des issues rue Royale et rue Boissy d’Anglas.

L’édifice était desservi par de nombreux et vastes escaliers, le Foyer, superbe avec sa loggia, jouissait de l’admirable coup d’œil de la Place de la Concorde. (Cette belle disposition fut adoptée par Garnier pour son nouvel opéra).

L’habitude que nous avons de voir notre Académie nationale de musique située sur les Boulevards, nous empêche probablement d’apprécier tout ce que le projet de Storez avait de beauté et de nous rendre compte s’il aurait répondu aux besoins du public. Il nous manque les coupes pour nous permettre d’apprécier dans quelles mesures il aurait modifié la physionomie du Bâtiment actuel.

La dépense de l’Opéra de Storez est évaluée à 16.200.000 francs.

Or, Ch. Garnier dans son ouvrage « Le Nouvel Opéra de Paris » compte que le prix de revient du mètre cube de son monument tout compris est de 85 fr. 60, (à titre de renseignement et de comparaison, il serait de 150 fr. pour la Madeleine, non compris le mobilier) ; d’autre part, on peut évaluer à 428.666 mètres cubes la masse totale des constructions. L’Opéra de Garnier a donc coûté, mobilier compris, 35.365.000 francs environ, plus du double de celui de Storez, qui conservait, il est vrai, toutes les façades existantes du bloc qu’il voulait utiliser.

Cette courte notice n’a pas la prétention d’épuiser la question ; puisse-t-elle toutefois réussir à provoquer des observations et communications sur ce projet inexécuté ou sur bien d’autres qui auraient — s’ils avaient été réalisés — modifié notablement la vie et l’aspect du huitième arrondissement.