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times le mètre rue Blomet à Vaugirard, 2 francs au parc Monceau, 3 francs derrière l’Observatoire, 11 francs chaussée d’Antin, 15 francs au faubourg Saint-Honoré, près la rue Royale, à l’emplacement de cette cité Berryer dont on demande aujourd’hui quinze millions pour 2.000 mètres de terrains surmontés de bicoques. Où qu’on prenne les terrains et à quelque prix, il y a place pour une marge ! Voulez-vous la rive gauche ? L’Hôtel-Dieu y possédait, en 1529, une ferme de 83 hectares, sur l’espace occupé par les jardins du Luxembourg, l’Observatoire et leurs environs. « Au xve siècle, écrit Avenel, un semblable domaine avait pu valoir 20.000 francs ; au xvie siècle il valut 460.000 fr. au maximum ; et aujourd’hui, à 200 francs le mètre, il représenterait un capital de 166 millions. » Et il ne s’agit pas là de quartiers neufs !

C’est un amusement des savants de chercher une signification sociale aux contes populaires. Dans ce sens, la belle au bois dormant ne serait-elle pas la représentation féerique de la propriété foncière ? Seule encore la propriété foncière peut expliquer la locution : la fortune vient en dormant ; car c’est une vérité littérale qui ne se vérifie nulle part ailleurs. Dormir, c’est en effet la seule fonction profitable pour le propriétaire foncier urbain. Plus son sommeil sera long, plus sa fortune sera grande : sa ville travaille pour lui.

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