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les hommes eux-mêmes, les champs, les maisons, dévastent et ravagent les villes ».

Pétitions des évêques, soulèvements nombreux des paysans à la grande insurrection de 1549 et tout au long du xvie siècle, institution de commissions extraordinaires pour examiner la situation et y chercher un remède, ce ne sont là que stériles efforts puisque les intéressés sont de puissants seigneurs et que le prix de la laine monte. Aussi les expulsions de cultivateurs ne s’arrêtèrent plus et la destruction des petits propriétaires a continué jusqu’à nos jours, favorisée par les enclosures acts votés de 1710 jusqu’en 1843. Ces lois qui permettaient aux lords d’enclore à leur usage les communaux, à tort considérés comme leur propriété, ont fait entrer dans le domaine privé le tiers de la superficie cultivée de l’Angleterre. M. de Sismondi a rendu célèbre le fameux clearing exécuté, de 1814 à 1820, par la duchesse de Sutherland, qui expulsa 3.000 familles et transforma en domaine seigneurial 800.000 acres de terre, soit 325.000 hectares environ, qui étaient jadis propriété du clan. En Irlande, la comtesse de Strafford put expulser d’un coup 15.000 fermiers de ses terres. En 1856, dans un discours prononcé à Birmingham, M. Bright disait : « Savez-vous que la moitié du sol de l’Écosse appartient à dix ou douze personnes ? Êtes-vous instruits de ce fait que le monopole de la

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