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cette yeomanry qui a fait la force de l’Angleterre. « C’est la fière indépendance de cette noble souche de libres propriétaires fermiers qui a, écrit Hallam, donné une si forte trempe à notre caractère national et mis tant de liberté dans notre constitution. » Quand la chevalerie française, c’est-à-dire la féodalité traînant ses soldats mercenaires, se mesura avec ces yeomen anglais, c’est au côté qui avait la supériorité, c’est-à-dire la justice économique, que revint naturellement la victoire et cela pendant tout un siècle.

Comme avaient disparu les cultivateurs de l’Italie ancienne, les yeomen ont disparu, qui avaient si fortement contribué à la grandeur de l’Angleterre au dedans et au dehors. Ils ont disparu dans le temps même où s’accroissaient la richesse et la puissance de leur patrie. Leur forte race s’est éteinte en laissant l’exemple unique d’un grand pays où la propriété de la terre est entièrement enlevée à ceux qui la cultivent.

La spéculation a renouvelé une fois de plus le phénomène économique des latifundia. Le point de départ fut une hausse considérable des laines au xve siècle. Les lords, maîtres de la terre, envisagèrent tout le parti qu’il y avait à tirer de la transformation de terres arables en prairies et ils s’y appliquèrent avec sauvagerie. La petite propriété fut pour ainsi dire balayée

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