Page:Laffitte - Le grand malaise des sociétés modernes et son unique remède.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les chambres néerlandaises d’introduire à Java la propriété privée, en partageant le domaine commun de la dessa entre les habitants. On invoquait l’exemple de l’Europe où les mêmes communautés ont existé sous la forme de la « marche » et qui ont cependant disparu devant la propriété individuelle pour la plus grande prospérité de l’agriculture. Les partisans du régime communal javanais objectaient que cette organisation agraire, qui date de temps immémorial et qui est en rapport intime avec le système de culture pratiqué dans ce pays, assurait le bonheur de plus de deux millions de familles d’agriculteurs groupées dans plus de trente mille dessas. Ils ajoutaient que le Javanais, comme tous les Asiatiques, est imprévoyant, et M. Baud, ancien ministre des colonies hollandaises, écrivait : « Le Javanais n’est pas de force à résister aux entreprises des Européens et des Chinois. Quand ceux-ci se seront emparés du patrimoine du peuple ; quand une société orientale, mais heureuse, se sera transformée en une mauvaise imitation de nos sociétés européennes ; quand le Javanais, privé de sa propriété, sera ravalé au triste sort d’un coolie, d’un manœuvre, alors, au sein de ces classes déshéritées, appauvries, le malaise et le mécontentement se répandront et une révolution sociale sera à craindre. »

De son côté, Laveleye écrit : « Le redoutable

45