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mir russe ; aux mêmes effets, qui la confirment avec une sûreté presque expérimentale, correspond une même cause, ou au moins très analogue. Le régime de propriété en vigueur à Java est en effet aussi un régime communautaire où la propriété privée est fort limitée. Le village javanais ou commune se nomme dessa. C’est à la dessa impersonnelle et collective qu’appartiennent toutes les terres. Ou plutôt il semble que le propriétaire véritable des terres soit, au delà de la dessa, l’État, la dessa n’étant qu’une première usufruitière, sorte de gérante. Chaque habitant du village reçoit un lot de terre à cultiver, qui est plus grand s’il est possesseur d’un attelage de bœufs. Le partage se fait tantôt par la voie du sort, tantôt d’après un registre avec rotation régulière des parcelles entre les usufruitiers. Ces allotements sont périodiques, à des intervalles qui ont varié avec le temps et varient aussi suivant les régions ; et, ici comme dans le mir, on observe un allongement progressif des périodes d’usufruit d’un an à six et même jusqu’à la jouissance viagère. Toutefois le cultivateur javanais semble accueillir avec joie le moment du retour de sa parcelle à la dessa et d’un nouveau partage, qui lui donnera, à son tour, droit à la jouissance des lots considérés comme meilleurs. Les parts ne sont pas toutes égales et aux chefs, aux anciens, aux maîtres d’école, aux fossoyeurs sont dévolues

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