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tradition, généralement répandu, en quelque sorte vulgarisé. La lutte entre le travail et le capital qui désole les États modernes est inconnue dans le mir, le sol restant le patrimoine inaliénable de tous les habitants. Le mir colonise tout naturellement pour utiliser son excédent de force. De l’agglomération-mère trop peuplée se détache un groupe qui s’avance vers l’Est, dans les profondes forêts et les vastes steppes, défrichant et cultivant. Dans le mir, les prescriptions de Malthus ne trouvent jamais d’adeptes ; l’organisation du mir est telle qu’elle constitue par le jeu naturel de ses lois, ipso facto, une prime à la multiplication des enfants dont chacun représente une paire de bras travailleurs qui, au prochain partage, seront pourvus de terre. Stuart Mill va même jusqu’à craindre un excès de population ! Le travail est ici le seul titre légitime de propriété pour les produits qu’il crée. Mais le sol qu’il n’a pas créé, il n’a pas le droit d’y prétendre et n’y prétend point. Il n’y a pas de riches ni de pauvres, en lutte les uns contre les autres, chacun pouvant vivre des produits de son activité.

Ces succès économiques du mir rappellent les succès tout analogues et l’extension rapide des couvents et communautés religieuses quand ceux-ci s’occupaient encore d’exploitation agricole ou, mais ce fut plus rare, industrielle. Un économiste qui, par principe, ne saurait être

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