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millions de paysans. Les économistes du monde entier ont étudié cette organisation agraire qui, selon les démocrates d’il y a trente ans, contenait la solution du problème social en vain cherchée par Saint-Simon, Owen ou Proudhon. On conte que Cavour dit un jour à un diplomate russe : « Ce qui rendra votre pays maître de l’Europe plus tard, ce ne sont pas ses armées, c’est son régime communal. »

En Russie le mir avait[1] d’ardents partisans dans toutes les classes de la société, dans toutes les nuances de l’opinion. Conservateurs, slavophiles, socialistes démocrates, tous s’exaltaient à la pensée des grandes destinées que le mir réservait à la race slave. De fait il apparaît comme la réalisation du rêve des sages. Qu’on en juge :

Le prolétariat avec toutes ses misères et tous ses dangers, ainsi que le paupérisme, sont inconnus dans le mir. Les enfants ne portent pas injustement la peine de la paresse, de la malchance ou des dissipations de leurs parents. Leur société communautaire est préservée des bouleversements sociaux qui, à chaque instant, nous menacent ; en effet, chaque famille étant usufruitière d’une partie du sol, il existe un élément d’ordre, de conservation et même de

  1. Cet imparfait marque surtout l’imperfection de notre documentation sur la Russie soviétique et souligne une ignorance qui nous oblige à nous reporter de plusieurs années en arrière. Ceci n’a d’ailleurs aucune importance.
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