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L’âge d’or, c’est l’âge de la terre inaliénable et de la communauté agraire, le souvenir évoqué par les poètes latins d’un temps heureux où la terre, propriété de tous, ne connaissait pas encore la haie mitoyenne. Le dieu Terme, ancêtre du cadastre, n’avait pas encore été promu à la dignité de gardien de la propriété éternelle.

À vrai dire nous ne savons pas grand chose de cette communauté foncière : les regrets des poètes ne nous apportent aucune précision sur le régime social de ces jeunes républiques, et si, aux âges heureux, les peuples n’ont pas d’histoire, ils n’ont dès lors pas d’historien.

Toutefois, cette communauté foncière, qui prépara la grandeur de Rome, nous pouvons nous en faire une idée très exacte ; car toutes les sociétés humaines la pratiquent dans leur enfance. De nos jours nous la trouvons non seulement chez des peuples tout frais émoulus, mais encore chez de plus anciens auxquels elle a certainement apporté une formule de possession conforme à leurs aspirations et à leur caractère puisqu’ils l’ont conservée jusqu’à nos jours, insensibles aux séductions de la propriété individuelle. Ces survivants des communautés agraires sont, je l’ai déjà indiqué, le mir russe, la dessa javanaise, les allmenden de l’Allemagne et de la Suisse.

Le mir russe est une forme de communauté rurale qui, au delà du Dnieper, groupe trente

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