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terres nouvelles et des esclaves pour les cultiver, il était impossible d’arrêter l’accroissement des latifundia. Se rendant compte que l’empire allait à sa ruine, Tibérius Gracchus proposa d’abord de reprendre les terres aux riches contre indemnité, puis le retrait pur et simple des terres. Mais il était déjà trop tard. Et comme s’ils eussent voulu accélérer la décadence, désormais fatale, les patriciens, après la mort des Gracques, firent adopter successivement trois lois qui avaient pour but et eurent pour résultat de favoriser l’accroissement des grandes propriétés. D’après M. Antonin Macé, les lois agraires, c’est-à-dire la distribution publique de terres aux citoyens, eurent les meilleurs résultats chaque fois qu’elles furent sérieusement mises à exécution, et l’aristocratie, en s’y opposant, a causé sa propre ruine.

L’éminent économiste allemand Bruno Hildebrand résume ainsi une remarquable étude sur la répartition de la propriété foncière dans l’antiquité : « L’histoire agraire de l’antiquité nous montre que tous les législateurs anciens se sont efforcés d’assurer à chacun un certain héritage et de faire participer toutes les familles aux avantages de la propriété foncière, mais que partout les propriétaires, trop indépendants de l’État, sont parvenus à centraliser et à monopoliser la possession du sol et que c’est ainsi que le monde antique a péri. »

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