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nombre de propriétaires dans toute l’Italie.

Appien a parfaitement décrit la formation des latifundia : « À mesure que les Romains subjuguaient une partie de l’Italie, ils prenaient une part du sol de cette terre conquise ; la partie cultivée était assignée ou affermée aux colons ; quant à la partie inculte, souvent fort considérable, on l’abandonnait, sans la diviser, à ceux qui voulaient la cultiver, moyennant la redevance annuelle du dixième des grains et du cinquième des fruits. On voulait multiplier cette race italienne, patiente et courageuse, pour augmenter le nombre des soldats citoyens ; mais il arriva le contraire de ce qu’on avait prévu : car les riches, maîtres de la grande partie de ces terres non limitées, enhardis par la durée de leur possession, achetèrent de gré ou prirent de force l’héritage de leurs pauvres voisins et transformèrent leurs champs en d’immenses domaines. Ils employèrent des esclaves comme laboureurs et comme bergers. Le service militaire arrachait les hommes libres à l’agriculture ; les esclaves, qui en étaient exempts, les remplaçaient et rendaient ces possessions fructueuses. Les riches devinrent donc démesurément opulents et le nombre des esclaves s’accrut rapidement ; mais la race italienne s’appauvrit et disparut, dévorée par les impôts, la misère et la guerre. L’homme libre devait se perdre dans l’oisiveté ; car le

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