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de haines politiques, et parce que tous les phénomènes économiques se réalisent par des moyens sentimentaux, c’est la loi sociale violée qui prend sa revanche. L’équilibre rompu se rétablit de lui-même. Révolutions ou confiscations, leur périodicité pourrait se prédire, comme les phénomènes astronomiques.

C’est aux républiques antiques, et pour plus de relief encore, c’est à l’histoire de Rome qu’il faut demander de nous révéler, comme en un coup de théâtre, les causes de son ascension et de son déclin par le simple jeu du droit de propriété en ces deux étapes : communauté de village et de famille d’abord, propriété foncière individuelle ensuite. « L’histoire économique de Rome, écrit Laveleye, n’est que le tableau de la lutte contre les envahissements de la propriété quiritaire. »

Aux premiers temps de la République, la propriété privée inaliénable était limitée, comme en Grèce, à la maison de famille avec sa cour et son jardin ; sur les terres, communautés de villages ou de familles, vivait une population nombreuse d’usagers, à la fois agriculteurs et guerriers, qui jouissait d’institutions démocratiques. Dans son Histoire romaine, Mommsen montre que la grandeur de Rome s’est élevée sur la base solide de ses paysans propriétaires. « Les fondateurs des anciennes républiques, écrit Montesquieu, avaient égale-

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