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hordes vagabondes n’ayant ni maisons, ni abris artificiels, ni troupeaux, « toujours chassant, souvent chassés », et qui ne semblent pas en état de prétendre à la possession exclusive des territoires de chasse. Ces territoires de chasse bien délimités et bien défendus, on les trouvera chez les Australiens, qui réalisent le régime de la tribu primitive, mais qui ne sont encore ni pasteurs ni agriculteurs. Chez les tribus de l’Orénoque et chez les Otomaques de l’Amérique méridionale, on observera les premières tentatives de culture ; et si leur principale et plus agréable occupation est la pêche aux tortues et la chasse aux pécaris, ils cultivent le maïs et le manioc. Ils cultivent, il est vrai, mais sans joie, si bien que ce peu d’entrain aux durs travaux agricoles a fait naître la propriété privée temporaire, qui abandonne les parcelles de terre à ceux qui les ont défrichées, mais seulement comme usufruitiers et pour aussi longtemps que durera leur culture. Sortis de ces premiers stades, les peuples pasteurs et agriculteurs, avec les Indiens de l’Amérique du Nord et du Sud, avec les peuplades de l’Asie et de l’Afrique, achèvent de réaliser sous nos yeux les étapes successives que l’humanité a franchies.

Ainsi, qu’on remonte dans le temps ou qu’on voyage dans le monde, on arrive à ce résultat inéluctable : à une civilisation donnée ou plus

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