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s’ajouterait, au profit des héritiers, une jouissance supplémentaire de cinquante années. Quand l’élément individuel aurait épuisé, dans l’individu et sa descendance immédiate, toutes les satisfactions que peut comporter un juste droit de propriété, l’élément social recevrait alors sa part, puisque toutes les propriétés lui feraient retour : sol des villes et des campagnes, bâtiments des fermes et des usines, maisons des villes et des champs.

Ce futur retour des propriétés à la nation apporterait aux peuples européens, épuisés par la guerre le moyen de résoudre toutes les difficultés actuelles, d’écarter à jamais les lourdes menaces de l’avenir, puisque dès à présent l’État pourrait satisfaire à toutes ses charges et que la seule cause des révolutions aurait disparu.

Ce ne serait pas la première fois que, pour conjurer un grand péril, des privilégiés cèderaient une partie des bénéfices dont la possession devient dangereuse : à la fin de la féodalité, beaucoup de seigneurs renonçaient d’eux-mêmes à des droits de propriété séculaires. Championnière écrit : « Les idées de liberté se faisaient jour et gagnaient les croyances ; les oppresseurs les partageaient ou ne pouvaient s’en défendre. Les plus prévoyants et les plus sages reconnurent qu’un pouvoir dont ils avaient tant abusé devait leur échapper ; ils

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