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Nous n’avons pas ici à nous occuper du croisement des espèces ou hybridation ; les considérations que ce croisement comporterait n’entrent pas dans ce sujet. Nous ne nous occuperons que du croisement des races. Buffon et, plus tard, Bourgelat soutinrent que les races ont une tendance naturelle à dégénérer, et pour arrêter cette dégénération, ils vantèrent les croisements de ces races entre elles, celles du nord avec celles du midi surtout. Huzard, le premier, s’éleva contre cette thèse et posa que le croisement, au lieu d’entraver cette prétendue dégénération, dénature les races. De nos jours l’école zootechnique admet que le croisement ne forme pas les races, mais qu’il les détruit. Le croisement conduit à deux buts distincts : ou bien il fait disparaître la race croisée dans la race croisante, en accouplant constamment et indéfiniment les femelles métisses à divers degrés avec des mâles de cette dernière, c’est là le croisement continu, encore appelé croisement de progression ; et dans ce cas les produits de la quatrième génération peuvent être considérés comme purs, car ils n’ont plus aucun des caractères essentiels de la race croisée. Le croisement des races peut, en second lieu, avoir pour objet la production des métis à divers degrés, valant individuellement pour le but industriel qu’ils ont à atteindre, et que les conditions économiques permettent de déterminer. Dans ces conditions, l’effet du croisement est de se plier parfaitement aux nécessités de la situation agricole, de faire obtenir des consommateurs de fourrage dont les aptitudes soient en rapport exact avec les ressources et avec les débouchés, rapport qui ne pourrait exister ni avec la race locale, ni avec celle qui sert pour son croisement. Ce second ordre de croisement est une opération délicate, difficile, qui exige de l’éleveur une