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MOLIÈRE.

tantôt rougit de sa science du droit, due simplement, dit-il, à son bon sens de gentilhomme. C’est un pot-pourri international et interprovincial de langages et de patois, où l’auteur prend plaisir à montrer le profit qu’il a retiré de ses vagabondages au nord et au midi. C’est aussi décidément, l’introduction, sur la scène comique, des petites gens de races diverses, avec les particularités exactes de leur esprit et de leur langage. Charlotte, Pierrot, avaient commencé dans Don Juan, Martine et Toinette vont bientôt suivre. Molière, dans le rôle du limousin ahuri, remporta un succès de fou rire, comme le maestro Lulli, lui aussi pantomime incomparable, avec ses singeries, dans celui d’un médecin porteur de seringue.

Les médecins et leurs médecines, les apothicaires et leurs instruments tiennent, dans ce divertissement royal, une telle place que les spectateurs modernes s’en déclarent volontiers scandalisés. Nous avons, en effet, d’autres mœurs,

…des mœurs qui se croient plus sévères
Parce que nous lavons et nous rinçons nos verres.

Mais, à la cour du grand roi, on ne se condamnait pas toujours, ni des yeux, ni des lèvres, à tant de réserves pudibondes, pas plus que, dans les résidences princières, les architectes ne songeaient encore aux constructions d’hygiène et de propreté qui nous semblent les plus indispensables. Il suffit d’ouvrir les mémoires et lettres du temps pour savoir que la liberté de langage, prise par Molière, et même sa liberté de gestes, étaient celles des