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jeunesse et apprentissage.

son père, comme l’atteste un inventaire posthume, qui dut, à plusieurs reprises, les apaiser par des acomptes ou satisfaire par règlements.

Mais la Béjart et Molière n’étaient pas gens à désespérer. Paris ne les nourrit plus ? Eh bien ! On quittera Paris. Quelle joie, d’ailleurs, de reprendre la vie aventureuse et libre des comédiens nomades, de courir les provinces sur le moderne char de Thespis, la charrette pittoresque que va bientôt immortaliser l’ami Scarron dans son Roman comique !… Dans leur malchance obstinée, les deux associés s’étaient, l’un et l’autre, par leur droiture et leur activité, leur intelligence et leurs talents, conquis déjà des sympathies nombreuses et des amitiés confiantes. Peu de temps après leur déconfiture à Paris, on les trouve à Bordeaux protégés par le gouverneur, le duc d’Épernon. Bientôt la troupe s’associe à celle de Du Fresne. Sa réputation grandit vite. L’auteur du Roman comique fera bientôt l’éloge de celle qui enchante les Manceaux, en la déclarant « aussi complète que celle du prince d’Orange et de Son Altesse d’Épernon ».

Dans l’automne de 1647, après un séjour à Toulouse, la voici à Albi et à Carcassonne, en 1648, au printemps, à Nantes et à Fontenay-le-Comte, en 1649, à Poitiers, Angoulême, Limoges, puis de nouveau à Toulouse, pour les fêtes données par les Capitouls au comte de Rouvre, lieutenant général, qui va ouvrir les États, le 1er juin, à Montpellier. Durant la session, on reste sans doute à Montpellier. En novembre, on passe à Narbonne, avec le désir de retourner dans l’ouest. Mais les circon-