historiens et les érudits viennent, sur tous ces points, à l’appui de tous les témoignages contemporains. Comme acteur et metteur en scène, il s’efforça de remplacer la déclamation ronflante par la diction naturelle et de donner à ses personnages, avec des caractères plus vrais et plus soutenus, une vraisemblance extérieure plus exacte et plus complète aussi. « Il a entendu véritablement les habits des acteurs, dit Charles Perrault, en leur donnant leur véritable caractère et il a eu le don de leur distribuer si bien les personnages et de les instruire ensuite si parfaitement qu’ils semblaient moins des acteurs que les vraies personnes représentées. »
Pour l’action exercée sur les théories et le style de la littérature contemporaine, il suffit de se reporter aux dates et de comparer ce qui s’est fait au théâtre avant les Précieuses, les Fâcheux, les deux Écoles, la Critique et l’Impromptu, et ce qui s’y fit après. On le combat, on le critique, mais on l’imite et on le pille, comme il pillait, d’ailleurs, lui-même tous ses devanciers. Et l’autorité de son génie franc et sincère, dès ses premiers succès, exerce même son action au delà du théâtre. Qu’on se souvienne de son étroite liaison, durant ces années d’effervescence juvénile, avec son contemporain La Fontaine, encore incertain de sa route en ses rêveries paresseuses, avec ses cadets Boileau et Racine, l’un moins âgé que lui de quatorze ans, l’autre de dix-sept. Boileau, avant 1666, ne devait rien publier. Est-il audacieux de penser que les premières satires, composées vers 1660 (Ier et VIe Embarras de Paris) et la deuxième adressée en 1662 ou 1663 à M. de Molière, sortirent