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offre son intelli­gence, le caissier qui vend son honnêteté, le député qui trafique de sa con­science, la fille de joie qui prête son sexe, sont pour le capitaliste des salariés à exploiter.


31 - Il perfectionne le salarié: il l’oblige à reproduire sa force de travail avec une nourriture grossière et falsifiée, pour qu’il la vende meilleur marché et il le force à acquérir l’ascétisme de l’anachorète, la patience de l’âne et l’assi­duité au travail du bœuf.


32. - Le salarié appartient au capitaliste: il est sa bête de travail, son bien, sa chose. Dans l’atelier où l’on ne doit s’apercevoir ni quand le soleil se lève, ni quand la nuit commence, il braque sur l’ouvrier cent yeux vigilants, pour qu’il ne se détourne de sa tâche ni par un geste, ni par une parole.


33. - Le temps du salarié est de l’argent: chaque minute qu’à perd est un vol qu’il commet.


34. - L’oppression du capitaliste suit le salarié comme son ombre jusque dans son taudis, car à ne doit pas se corrompre l’esprit par des lectures et des discours socialistes, ni se fatiguer le corps par des amusements. Il doit rentrer chez lui en sortant de l’atelier, manger et se coucher, afin d’apporter le lende­main à son maître un corps frais et dispos et un esprit résigné.


35. - Le capitaliste ne reconnaît au salarié aucun droit, pas même le droit à l’esclavage, qui est le droit au travail.


36. - Il dépouille le salarié de son intelligence et de son habileté de main et les transporte aux machines qui ne se révoltent pas.


{{T4|L’Écclésiaste ou le livre du capitaliste|