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sera condamnée par l’histoire, comme elle l’a été par la société... ; si elle avait réussi, elle n’aurait pas consacré le travail, mais le pillage » (Événement, nº 94), que cet homme avait déserté la cause de la sacrée propriété et pris la défense de l’insurrection du 18 mars. Et cela parce qu’il avait ouvert sa maison de Bruxelles aux réfugiés de la Commune. Mais dans sa bruyante lettre, tout chez Hugo est réclame, et plus tard dans son Année terrible, n’a-t-il pas protesté avec indignation contre les actes de guerre de la Commune ; n’a-t-il pas injurié les Communards aussi violemment qu’autrefois les Bonapartistes, les stigmatisant avec les épithètes de fusilleurs d’enfants de quinze ans, de voleurs, d’assassins, d’incendiaires ? Mais les radicaux et le si hugolâtre Camille Pelletan, ont dû trouver que Victor Hugo les compromettait par son incontinence d’insultes et de calomnies contre les vaincus de la Semaine sanglante.

Qu’y avait-il donc de si extraordinaire dans l’acte de Victor Hugo, pour troubler ainsi les Pessard de la presse versaillaise. Est-ce que malgré les pressantes sollicitations de MM. Thiers et Favre, les ministres de la reine Victoria et du roi Amédée n’ont pas ouvert leurs pays, l’Angleterre et l’Espagne, à ces vaincus, qu’ils n’ont jamais insultés ainsi que Victor Hugo. Personne n’accusera ces hommes d’État de pactiser avec les socialistes et les ennemis de la propriété. En Suisse, en Belgique, en Angleterre, partout enfin, des bourgeois, tout ce qu’il y a de plus bourgeois, n’ont-ils pas ouvert leurs bourses, pour secourir les proscrits sans pain et sans travail, ce que n’a jamais fait Victor Hugo, l’ex-proscrit millionnaire ?