Page:Lafargue - La légende de Victor Hugo, 1902.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont ses trois cent mille auditeurs ! » (Numéro du 27 août) ; contre Proudhon parce qu’il est « un petit homme à figure commune ; un misérable avocat du peuple » ; contre Ledru-Rollin parce que « ses circulaires ont plongé la civilisation dans une guerre civile de quatre jours. Depuis le 24 février jusqu’au 24 juin M. Ledru-Rollin a été un de ceux qui ont le plus contribué à frayer la route à l’abîme. » (Numéro du 6 août).

Mais c’est en poursuivant de ses injures, de ses colères et de ses dénonciations les vaincus de juin, que l’Evénement donne la mesure de son profond amour pour la République. Écoutez, c’est l’auteur des Châtiments qui parle : « Hier, au sortir de la plus douloureuse corruption, ce qui se déchaîna, ce fut la cupidité ; ceux qui avaient été les pauvres n’eurent qu’une idée, dépouiller les riches. On ne demanda plus la vie, on demanda la bourse. La propriété fut traitée de vol ; l’État fut sommé de nourrir à grands frais la fainéantise ; le premier soin des gouvernants fut de distribuer, non le pouvoir du roi, mais les millions de la liste civile, et de parler au peuple non de l’intelligence et de la pensée mais de la nourriture et du ventre... Oui, nous sommes arrivés à ce point que tous les honnêtes gens, le cœur navré et le front pâle, en sont réduits à admettre les conseils de guerre en permanence, les transportations lointaines, les clubs fermés, les journaux suspendus et la mise en accusation des représentants du peuple. » (Numéro du 28 août).

La dure nécessité qui navrait le cœur des honnêtes gens et l’endurcissait pour la répression impitoyable,