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rencontrer chez le soldat des guerres de l’empire, cette humanitairie qui, sur la lyre de Victor devait se substituer au roi et au catholicisme. Sous le pseudonyme de Genty, le général Hugo publiait en 1818 une brochure où se mêlent avec bonheur les préoccupations de l’industriel et du philanthrope[1]. Il y résout ce double problème : donner une dot aux enfants trouvés, et procurer des travailleurs blancs aux planteurs, qui ne pouvaient plus, comme par le passé, aller chercher des noirs sur la côte africaine.

Les travailleurs blancs seraient pris aux Enfants trouvés. Le gouvernement élevant ces enfants à ses frais, peut en disposer à son gré : « il se chargerait de fournir aux colons, des enfants dans l’âge de 9 à 10 ans pour les filles, et de 10 à 11 ans pour les garçons. L’engagement pour tous prendrait la date même de leur embarquement et ne pourrait excéder 15 années, à l’expiration desquelles il cesserait de droit. L’administration ferait alors compter à ces enfants à titre de dot, savoir aux hommes 600 francs, et aux femmes 500 francs. » Ce projet satisferait tout le monde, et lierait étroitement les colonies à la métropole. Les colons achetaient leurs négrillons des 2 et 4 cents francs : la mère patrie leur fournit les petits blancs gratis. Les enfants blancs qui résisteraient au régime des coups de fouet et de travail forcé des planteurs, recevraient au bout de 15 ans, une dot de 5 à 6 cents francs. La philanthropie bourgeoise qui a inventé la

  1. Mémoire sur les moyens de suppléer à la traite des nègres par des individus libres, d’une manière qui garantisse pour l’avenir la sûreté des colons et la dépendance des colonies, par Genty, in-8, janvier 1828. Blois, imprimerie Verdier.