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le bel esclave, qui venait de s’unir avec la prêtresse, incarnant la déesse Assyrienne. Cette sanglante cérémonie religieuse devait être la reproduction d’une coutume Amazonienne.

La vie sauvage et barbare permet à la femme de conserver et de développer sa supériorité intellectuelle de naissance : chaque sexe y a sa fonction spéciale ; c’est la division du travail qui débute. L’homme dont le système osseux et musculaire est plus puissant, « se bat, chasse, pêche et s’assied » dit l’indigène d’Australie, qui considère que le reste est du ressort de la femme, dont la fonction met plutôt en jeu l’activité cérébrale. Elle a charge de la maison commune qui souvent abrite un clan de plus de cent individus ; elle prépare les vêtements de peaux et d’autres matières premières ; elle s’occupe de la culture du jardin, de l’élevage des animaux domestiques et de la confection des ustensiles de ménage ; elle conserve, économise, administre, cuisine et distribue les provisions végétales et animales amassées dans le cours de l’année ; et ainsi que les Valkyries des Scandinaves et les Kéres des grecs pré-homériques, elle accompagne le guerrier sur le champ de bataille, l’aide dans la mêlée, le relève s’il est blessé et le soigne ; son concours est si apprécié, que d’après Tacite, les barbares, qui sous la conduite de Civilis se révoltèrent contre Vespasien, prenaient en pitié les soldats romains, parce que leurs femmes ne les accompagnaient pas quand ils marchaient au combat et que Platon, qui, ainsi que les initiés d’élite aux Mystères d’Eleusis, était plus instruit des mœurs primitives qu’on ne pense, fait les femmes assister aux batailles des guerriers de sa République.

Ces multiples et diverses fonctions, qui obligent la femme à réfléchir, calculer, songer au lendemain