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dominance passe ensuite au mâle, mais seulement pour les poumons et les organes de la vie de relation, proprement dite, ainsi le muscle cardiaque reste toujours plus lourd chez les femelles. Les organes qui servent réellement à l’individu pendant la vie embryonnaire restent toujours plus développés dans le sexe femelle.

« Si l’on considère maintenant que les différences en faveur des femelles sont surtout pour le foie, le cœur, les capsules surrénales, et les reins, on tirera cette conclusion que la vitalité plus grande des organismes femelles tient à ce qu’ils sont mieux nourris et mieux épurés. » [1]


III

L’organisation supérieure que possède, en naissant, la femme et qui lui assure durant l’existence, une plus grande vitalité, est probablement exigée par le rôle qu’elle remplit dans la reproduction de l’espèce, rôle autrement prolongé et épuisant que celui de l’homme qui, la fécondation accomplie, n’a plus à s’en mêler, tandis qu’alors le travail de la femme commence, pour se continuer pendant de longs mois durant la gestation et après l’accouchement. Les sauvagesses allaitent les enfants pendant deux ans et plus. Il arrive que parfois le mâle paie cher son inutilité : après l’accouplement les abeilles tuent les mâles et l’araignée mâle doit s’empresser de déguerpir pour n’être pas dévorée par la femelle plus grosse et plus forte ; aux Sakaies, la fête annuelle de Mylila Anaïtis, on immolait à Babylone

  1. Les dernières observations sur les fourmis et les abeilles tendent à démontrer que les œufs fécondés donneraient naissance à des femelles et à des ouvrières ; et les non fécondés à des mâles, qui par conséquent naîtraient d’œufs moins complexes.