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sommation de gaz et de charbon. Des expériences semblables furent faites avec le même succès dans la fabrique de MM. Herrock et Jackson[1].

En France des expériences pareilles ont été faites. Lors de l’enquête sur l’enseignement professionnel, un des grands industriels de l’Alsace, M. Bourcart, déclara que « la journée de douze heures était excessive et devrait être ramenée à onze ». « Il serait utile, disait-il, que l’on réduisit les heures de travail et surtout que l’on ne travaillât pas le samedi après midi. Je puis conseiller l’adoption de cette mesure quoiqu’elle paraisse onéreuse à première vue : nous l’avons expérimentée dans nos établissements industriels où, depuis quatre ans, les ouvriers ne travaillent plus toute l’après-midi du samedi et nous nous en trouvons bien. Nos ouvriers gagnent aujourd’hui autant qu’il y a quatre ans, et la production moyenne des établissements loin d’avoir diminué, a au contraire augmenté[2]. »

  1. Rapport des inspecteurs des fabriques, 1845. — Les faits cités plus haut sont extraits du Capital de Marx (pp. 177-181) auquel nous renvoyons le lecteur pour de plus amples détails sur l’intensification du travail.
  2. Cité par Paul Leroy-Beaulieu dans le Travail des femmes au XIXe siècle, 1873. Dans cet ouvrage, cet économiste dit : « Le perfectionnement continu des machines n’appelle-t-il pas impérieusement une diminution de la journée de travail ? Toutes les améliorations dans le tissage ont pour effet de donner une vitesse plus grande : le métier qui autrefois ne battait que 120 à la minute est arrivé à 180, 200 et 240. Est-il possible qu’une jeune fille surveille pendant douze heures une marche aussi précipitée ? »