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ges calculait qu’il compenserait les imperfections de l’outillage qu’il achetait à vil prix par les journées de travail qu’il achèterait dans les Vosges à un prix plus vil encore. En effet, si le faible salaire des ouvriers de Mulhouse permettait aux industriels alsaciens de ne pas mettre leur outillage au niveau des derniers progrès de la mécanique, le salaire des Vosges, plus faible encore, permettait aux Grévy et aux Ferry du pays de se servir d’instruments démodés et jetés au rebut à Mulhouse. Car, dit Reybaud, « des calculs très exacts montrent que les salaires français dans la Normandie et la Flandre sont de 12 et 15 %, dans l’Alsace de 20 %, dans les Vosges de 30 % au-dessous des salaires anglais… C’est, en général, sur les conditions de la main-d’œuvre que se règle la révolution dans les méthodes du travail. Tant que la main-d’œuvre fournit ses services à bas prix, on la prodigue ; on cherche à l’épargner, quand ses services deviennent plus coûteux. »