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(1) Louis Reybaud, Étude sur le régime des manufactures de coton.

(2) Jean Dollfus, Plus de prohibitions sur les filés de coton, 1853. Dans ce travail, intéressant par les faits et chiffres qu’il contient, Dollfus ne songe nullement aux ouvriers, mais à son intérêt personnel immédiat. Il était libre-échangiste, et pour une excellente raison ; bien que filateur, ses ateliers de tissage avaient besoin de certains filés alors prohibés. Quand on scrute les mobiles des actions bourgeoises, on trouve au-dessous de la couche épaisse de l’humanitarisme, patriotisme, libertairisme, etc., dont les bourgeois l’enveloppent, le tout-puissant intérêt personnel, le seul moteur auquel ils obéissent, même lorsqu’ils font de la science prétendue impartiale. La critique de Dollfus, bien que dirigée par ce mobile personnel, n’en est pas moins concluante. Voici un autre passage qui va à l’appui de la thèse que je soutiens, bien que Dollfus n’y envisage la question qu’au point de vue libre-échangiste : « L’absence de concurrence étrangère, en permettant à un chef d’établissement de continuer à faire des bénéfices avec de vieilles machines… bien qu’il sache parfaitement que la dépense d’un outillage serait récupérée en peu d’années, contribue à maintenir l’industrie dans l’ancienne ornière. Le fait se produit dans des établissements qui ont de grands capitaux à leur disposition. » Dans mon article, le lecteur verra que l’avilissement de la main-d’œuvre française a eu pour le progrès de l’industrie française le même effet que l’absence de concurrence étrangère dont Dollfus se plaint.