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peut réduire ses misérables besoins. Les prolétaires industriels, pour diminuer leurs dépenses, ont remplacé la viande qui était la base de l’alimentation ouvrière avant la révolution bourgeoise de 1789 par le pain en France, dans d’autres pays par les pommes de terre, le maïs etc ; ils ont dit adieu au costume pittoresque et de solide qualité des anciens compagnons, et se sont couverts de guenilles ; ils se sont entassés dans des taudis si dégoûtants qu’un fermier n’y aurait pas parqué ses porcs et que la police dut souvent les détruire, car ils deviennent des foyers de peste.

Dans les districts industriels, des ouvriers ont vécu avec 40 et 50 centimes par jour. Le fameux Reveillon, dont les ouvriers du faubourg Saint-Antoine saccagèrent en 1789 la fabrique de papier peint parce qu’il s’était vanté de faire vivre les ouvriers avec 15 sous par jour, payait cependant les garçons de 12 à 15 ans qu’il employait 8 et 15 sous par jour[1] : l’argent valait alors trois fois ce qu’il vaut aujourd’hui. Ces chiffres prouvent combien la meule de l’exploitation capitaliste a broyé les besoins des ouvriers depuis le siècle dernier.

  1. Exposé justificatif pour le sieur Reveillon, etc. 1789.