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TABOR (Jean-Otton), natif de Bautzen dans la Luzace, enseigna le droit à Strasbourg avec réputation, jusqu’en 1656. Il devint ensuite chancelier du duc de Mecklembourg, puis conseiller du landgrave de Hesse-Darmstadt, et chancelier de l’université de Giessen. Il mourut à Francfort le 12 décembre 1674, à 70 ans, laissant un fils avocat. On a de lui divers ouvrages, Leipsick, 1688, 2 vol. in-fol. Praschius son gendre a écrit sa vie.

TABOUET (Julien), né dans le Maine, devint procureur général du sénat de Chambéry. Sa conduite équivoque lui valut une forte mercuriale de la part du premier président Raymond Pélisson, qui la lui fit par ordre de sa compagnie. Pour s’en venger, Tabouet s’avisa d’accuser le premier président de malversations, et, pour réussir dans son accusation, il sut intéresser dans l’affaire le duc de Guise, à qui le roi avait donné toutes les confiscations, et qui en était avide. L’affaire fut envoyée au parlement de Dijon, qui était dans le département du duc de Guise, en qualité de gouverneur de la province. Ainsi les choses tournèrent comme Tabouet l’avait souhaité. Par arrêt du 18 juillet 1552, Pélisson fut condamné à faire amende honorable, ce qu’il exécuta publiquement à genoux, une torche ardente à la main, avec les paroles portées par l’arrêt ; et il fut de plus condamné à une grosse amende. Pélisson trouva depuis de la protection auprès du connétable de Montmorenci. Il obtint la révision de son procès, qui fut renvoyé par-devant des commissaires tirés des parlemens de Paris et de Dijon, et des maîtres des requêtes. Par arrêt du 12 octobre 1556, Pélisson fut absous, et Tabouet condamné à la même peine qu’avait subie Pélisson, et de plus à faire son amende honorable, nu en chemise, la corde au cou, au parquet de l’audience, sur le perron du palais, tourné trois fois au pilori des halles, et de là mené à Chambéry pour y faire de nouveau amende honorable en pleine audience, et être confiné en tel endroit qu’il plairait au roi de lui prescrire. Il enseignait la jurisprudence à Toulouse en 1560, et mourut vers 1562. Il avait des enfans. On a de lui différens ouvrages, entre autres Sabaudiæ principum genealogia, versibus et latiali dialecto digesta, traduit en français, en prose et en vers, par Pierre Trehedam ; une Histoire de France de même, le tout imprimé en 1560, in-4o.

TABOUROT (Étienne), plus connu sous le nom de Sieur des Accords, naquit à Dijon en 1547. Il fut avocat au parlement de Bourgogne, puis avocat du roi au bailliage et à la chancellerie de Dijon. Ayant un jour envoyé un sonnet à mademoiselle Bégar, il mit au bas cette devise : À tous Accords, au lieu de son non. Cette demoiselle, en lui répondant, le qualifia Seigneur des Accords, et le président Bégar lui ayant dans la suite donné plusieurs fois ce nom, Tabouret l’adopta. Il mourut à Dijon en 1590, à 43 ans. Le plus connu de ses ouvrages est celui qui est intitulé Bigarrures et Touches du seigneur des Accords. Il le composa à l’âge de 18 ans ; mais il le revit et l’augmenta en ayant plus de 35. Il y en a un grand nombre d’éditions, entre autres celle de 1662, in-12. On trouve dans ce livre des règles sur les facéties de toute espèce, entre autres sur les calembourgs, qui remontent à Rabelais, et qu’on a vu renouveler depuis par l’abbé Cherier, dans son Homme inconnu dédié à Bacha Bilboquet, qui parut en 1725, et depuis plus heureusement dans la Lettre à la comtesse Tation, qu’un jeune militaire a fait paraître en 1770. Ce genre avait été employé dans un petit roman extrêmement rare, intitulé Les