Page:Ladvocat - Dictionnaire historique - 1822 - Tome 5.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Guliver, traduit en français par l’abbé des Fontaines, est connu de tout le monde. Son Conte du Tonneau a été traduit en français par M. Van Effen : c’est une histoire allégorique et satirique, où sous le nom de Pierre, qui désigue le pape, de Martin, qui représente Luther, et de Jean, qui signifie Calvin, il déchire la cour de Rome, le luthéranisme et le calvinisme. Cet ouvrage, écrit avec chaleur et énergie, renferme des idées neuves et singulières, mais il y a trop d’obscurité, de détails bas et grossiers, de choses contraires à la décence, aux bonnes mœurs et au christianbme. On a encore traduit en français quelques opuscules de Swift, qui se trouvent a la fin du Conte du Tonneau : Le grand mystère, ou l’Art de méditer sur la garde-robe, avec des pensées hasardées sur les études, la grammaire, la rhétorique et la poétique, par G. L. Le Sage, à la Haie, 1729, in 8o. Enfin, on a traduit en français plusieurs écrits de Swift sous le titre de Productions d’esprit, contenant tout ce que les arts et les sciences ont de rare et de merveilleux, à Paris, 1736, en 1 vol. in-12, avec des notes. Ses vers sont moins parfaits que sa prose ; en général, le style de Swift est nerveux, clair et précis. Il égale en élégance et en exactitude les meilleurs écrivains en prose de sa nation, et il les surpasse presque toujours en variété et en feu ; mais comme dans ses voyages il mangeait avec les valets d’écurie, les voituriers, et qu’il prenait plaisir à converser avec le peuple, ses écrite sont assez souvent parsemés d’expressions sales, grossières et indécentes, qui déplaisent aux honnêtes gens. Il y peint néanmoins toujours la vertu sous une image agréable, en lui opposant un tableau hideux du vice. Son grand principe en matière de politique était celui de Cicéron, que « l’intérêt et le bonheur du peuple est la première de toutes les lois. » Il répétait souvent cette belle maxime : « Tout sage qui refuse des conseils, tout grand qui ne protège point les arts et les talens, tout riche qui n’est pas charitable et libéral, tout pauvre qui fuit le travail, sont des membres inutiles et dangereux à la société. » Le docteur Swift jouissait de plus de trente mille livres de rente. Sa manière de vivre simple, modeste, frugale, lui laissait beaucoup de superflu. Sensible à la misère des pauvres, il imagina de faire un fonds, et d’établir pour leur soulagement une banque, où sans caution, sans gages, sans sûreté, sans intérêts quelconques, on prêtait à tout homme ou femme du bas peuple, ayant quelque métier ou quelque talent, jusqu’à la concurrence de 10 livres sterling, c’est-à-dire plus de 200 livres monnaie de France. Le temps de la restitution du prêt était fixé, et toujours proportionné à la situation de l’emprunteur, et à la nature de la somme. Par là il faisait vivre des milliers de personnes, animait l’industrie, encourageait les talens, détruisait la fainéantise, et jamais on ne lui manquait de parole. Au jour marqué les sommes prêtées rentraient dans la banque, pour circuler en d’autres mains, et servir à de nouvelles libéralités. Ceux qui souhaiteront connaitre plus en détail la vie et les ouvrages de ce célèbre écrivain, peuvent consulter l’ouvrage intitulé Lettres… du comte d’Orreri sur la vie et les ouvrages de Swift, imprimé à Paris en 1753, in-12. Ce comte était ami intime de Swift, et ses Lettres sont curieuses et intéressantes ; mais la traduction française en est très-fautive.

SWIFT (Drane), petit-fils de Godwin-Swift, oncle du doyen de Saint-Patrice, a publié en 1735 la Vie de Jonathan Swift ; en 1765, 4 vol. des Œuvres du doyen ; en 1768, 2 vol. de Lettres. Il est mort le 12 juillet 1783, à Worcester.

SWINDEN (Jérémie), théologien anglais, a fait différens ouvrages, dont M. Bion a traduit en français celui qui traite de la nature du feu de l’enfer, 1728, in-8o. Il est mort vers 1740.

SYBRECHT (Jean), peintre d’Anvers, né en 1630, était un fidèle imitateur de la nature, et bon coloriste. Le duc de Buckingham l’engagea à venir en Angleterre, où il est mort à Londres en 1703, et fut enterré à Saint-Jacques.

SYDENHAM (Thomas), né dans le comté de Dorset en 1624, se fit recevoir docteur en médecine dans l’université de Cambridge. Il se distingua surtout par les remèdes qu’il donnait