Page:Ladvocat - Dictionnaire historique - 1822 - Tome 5.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses études favorites, il se démit de son emploi en 1747 ; mais ses profondes méditations lui exaltèrent tellement la tête qu’il croyait ne plus rien dire que par révélation, et de l’ordre du Très-Haut. Il mourut sans avoir été marié, pendant son dernier voyage à Londres, le 29 mars 1772, à 85 ans. Des ouvrages qu’il a faits sur les nouveaux objets de ses recherches, on a traduit en français le traité De cœlo et inferno, sous le titre de Merveilles du ciel et de l’enfer, Berlin, 1782, 2 vol. in-8o. On a continué de traduire quelques-uns de ses traités pour leur singularité.

SWERT, Swertius (François), savant écrivain du 17e siècle, né a Anvers en 1567, et mort marié dans la même ville en 1629, est auteur d’un grand nombre d’ouvrages, dont les plus estimés sont 1o Rerum belgicarum annales, 1628, in-fol. ; 2o Athenæ belgicæ, 1628, in-fol.

SWIFT (Jonathan), surnommé le Rabelais d’Angleterre, naquit à Dublin le 30 décembre 1667, de Jonatham Swift, procureur célèbre, et d’Abigail Erick. Il s’appliqua volontiers à l’étude des belles-lettres, mais il méprisait souverainement la philosophie, ce qui fut cause qu’il eut bien de la peine à être reçu maître-ès-arts dans l’université de Dublin, et qu’on ne l’admit que par faveur, speciali gratiâ. Indigné du mauvais traitement qu’il prétendait y avoir essuyé, il alla continuer ses études à Oxford, où il obtint le degré de maître-ès-arts en 1691, et celui de docteur en 1701. Il ne sortait que rarement, pour aller voir sa mère qui était alors à Leicester sa patrie, et qui était parente de la femme du chevalier Temple. Swift s’étant décidé pour l’état ecclésiastique, il eut un bénéfice de 2000 livres de revenu en Irlande, qu’il quitta bientôt pour revenir auprès du chevalier Temple, qui lui fit un legs en argent, et le chargea de mettre au jour ses Ouvrages posthumes. Swift épousa en 1716 mademoiselle Jonshon, fille de l’intendant du chevalier Temple, demoiselle douée des plus grandes qualités ; mais quoique notre auteur l’ait souvent célébrée sous le nom de Stella, il voulut néanmoins que ce mariage fût toujours tenu secret, et eut la bizarrerie de ne voir sa femme qu’en présence de témoins ; ce qui lui causa tant de chagrin, qu’elle en mourut en 1727. Swift la regretta beaucoup, et n’en parlait jamais qu’il ne lui échappât quelques larmes. Après la mort du chevalier Temple, il obtint le bénéfice de Laracot en Irlande, d’environ 4000 livres de rente, et celui de Rathbegan, d’environ 1200 livres. Enfin il devint doyen de Saint-Patrice en 1713, bénéfice considérable. Il eut un grand crédit auprès des ministres d’état de la reine Anne ; mais il ne s’en enorgueillit pas, et ne s’en servit que pour la tranquillité et la prospérité de sa patrie, qui était le vrai but de sa politique. Cette princesse étant morte, Swift n’eut plus ni crédit ni espérance à la cour d’Angleterre, et s’en retourna en Irlande, où ses Lettres contre Wood pour la défense desr manufactures lui acquirent une réputation immortelle et l’amour du peuple. Depuis ce temps, il en devint comme l’arbitre et l’idole, et rien d’important ne se faisait sans lui. Swift lia aussi une étroite amitié avec Esther Vanhomrigh, fille d’un riche marchand hollandais, qui s’était retiré en Irlande. C’est cette dame qu’il célèbre dans ses vers, sous le nom de Vanessa. Il fut ami intime de Pope, Prior, Gay, Delany, Yong, Arbuthnot, Sheridan, etc., avec lesquels il entretenait commerce de lettres. Il perdit peu à peu l’usage de la raison et de la mémoire en 1735, tomba dans un délire extrême en 1742, et totalement en enfance quelque temps avant sa mort, arrivée le 19 octobre 1745. Il avait néanmoins quelques intervalles de raison. En mourant il laissa un legs particulier de 24,000 livres et le reste de son bien pour la fondation d’un hôpital de fous de toute espèce, maladies fréquentes dans la Grande-Bretagne. Il nous reste de lui un grand nombre d’ouvrages en anglais, en vers et en prose, dont la meilleure édition est celle de Faulkener en 8 vol. Ils consistent en Satires, Épîtres, Lettres, etc. Il règne dans tous un esprit d’enjouement, de raillerie et de fine critique, qui charme les Anglais. Ses Lettres, sous le nom de Draper, en faveur des manufactures d’Irdande, passent pour des chefs-d’œuvre. Son roman philosophique et historique de