Page:Ladvocat - Dictionnaire historique - 1822 - Tome 5.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prit de la lecture des bons auteurs latins et français. Le comte Shuvalof le produisit à la cour d’Élisabeth, qui l’honora de sa protection. À l’âge de 39 ans son enthousiasme pour Racine le fit tourner absolument du côté de la tragédie. La première, intitulée Koref, est en quelque sorte la première pièce russe ; il fit paraître successivement Hamlet, Aristone, Sinaf et Truvor, Zemira, Dimisa, Vitzelaf, le Faux Dcmetrius et Micislaf. Il a fait aussi plusieurs comédies et opéras, des odes, des idylles, des fables. Sa poésie est élégante et harmonieuse, mais manque de force. Élisabeth l’éleva au rang de brigadier, et le fit directeur de son théâtre, avec une pension de six mille livres ; Catherine II le fit conseiller d’état et lui donna l’ordre de Sainte-Anne. Il est mort à Moscou en 1777. La bonne opinion qu’il avait de lui-même a troublé le bonheur dont il aurait dû jouir : il croyait qu’on n’avait jamais assez d’égard pour son mérite.

SUPERVILLE (Daniel de), né en 1657, à Saumur, passa en Hollande à la révocation de l’édit de Nantes en 1685, devint ministre à Roterdam, et y mourut en 1728. On a de lui 4 vol. in-8o de Sermons, un Cathéchisme, Le vrai communiant, in-12 ; Les devoirs de l’Église affligée, 1691, in-8o. Son fils, nommé comme lui, a donné un vol. in-8o de Sermons.

SURBECK (Eugène-Pierre de), de la ville de Soleure, servit avec distinction en France, en qualité de brigadier des armées du roi, et de capitaine commandant la compagnie générale des Suisses, au régiment des gardes. Il se distingua aussi par son amour pour les lettres, et fut reçu honoraire étranger de l’académie royale des Inscriptions et Belles— Lettres. Il mourut à Bagneux près Paris le 1er septembre 1741, à 65 ans. On a de lui en manuscrit une Histoire métallique des empereurs, depuis Jules-César jusqu’à l’empire de Constantin-le-Grand.

SURÉNA, général des Parthes dans la guerre contre les Romains commatidés par Crassus, l’an 53 avant J.-C., était le second après le roi, en noblesse, en richesses et en réputation ; mais en valeur, en capacité et en expérience, il était le premier personnage qui fut de son temps parmi les Parthes. Il remit sur le trône le roi Orodes, qui en avait été chassé, et lui conquit la ville de Séleucie, ayant été le premier qui dans l’assaut monta sur les murailles, et qui renversa de sa propre main ceux qui les défendaient. Suréna fit paraître beaucoup d’habileté, de prudence et de valeur dans la guerre contre les Romains. Il se servit d’une infinité de stratagèmes et défit Crassus ; mais il trahit la gloire de ce glorieux succès par sa perfidie ; car ayant demandé à s’aboucher avec Crassus, pour la conclusion d’un traité de paix, et le général romain s’étant avancé sur sa parole jusqu’à la rivière, Suréna lui fit couper la tête, et entra en triomphe dans Séleucie. Son crime ne demeura pas long-temps impuni ; car s’étant rendu suspect à Orodes, ce prince le fit mourir peu de temps après.

SURENHUSIUS (Guillaume), Allemand du 17e siècle, savant dans la langue hébraïque, a donné la Mischne, 1698, 6 tomes in fol. : c’est un recueil important pour connaître la jurisprudence, les cérémonies et les lois des juifs, transmises par la tradition.

SURGERÈS. Voyez Rochefoucault.

SURIAN (Jean-Baptiste), ne dut son élévation qu’à ses talens pour la prédication. Il entra de bonne heure dans la congrégation de l’oratoire, et fut choisi pour prêcher à la cour deux avents et deux carêmes. Son éloquence, toujours subordonnée à la solidité de ses raisonnemens, le fit marcher presque d’un pas égal avec son confrère Massillon. Sa modestie, son humilité le rendaient satisfait de son état, lorsque, sans sollicitations, sans même le désirer, il fut nommé à un de ces évêchés heureux par la modicité de leurs revenus, parce qu’ils ne sont presque jamais donnés qu’au mérite. Le 13 juin 1728 il fut sacré évêque de Vence. Cette élévation ne changea pas ses mœurs ; il s’était occupé à enseigner les chrétiens en général quand il n’était attaché à aucun troupeau ; quand il fut évêque, ses diocésains eurent tous ses momens ; il sortit rarement de son diocèse, seulement lorsqu’il était nommé membre de l’assemblée du clergé. Il mourut en 1754. La plupart de ses Sermons avaient été imprimes à Liège sous le titre de Sermons choisis, en 1738, 2 vol. in-12.