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était secrétaire d’état de l’empereur Adrien, vers l’an 118 de Jésus-Christ ; mais cette charge lui fut ôtée environ trois ans après, lors de la disgrâce de plusieurs personnes qui n’avaient pas eu pour l’impératrice Sabine les égards que cette princesse méritait. Il composa, pendant sa disgrâce, un grand nombre d’ouvrages qui sont presque tous perdus. Il ne nous reste que son Histoire des douze premiers empereurs, et une partie de son Traité des illustres grammairiens et rhétoriciens. Pline-le-Jeune était son intime ami, et l’exhortait à publier ses livres. L’Histoire des douze empereurs de Suétone est très-louée par nos plus savans humanistes. Il y décrit, dans un grand détail, les actions des empereurs, même celles qui sont les plus impures et les plus horribles ; ce qui a fait dire que, « Suétone avait écrit la vie des empereurs avec la même liberté qu’ils avaient vécu. » On estime beaucoup la première édition, Rome, 1470,. in-fol ; celle cum notis variorum, 1690, 2 vol. in-8o ; Leuvarde, 1714, 2 vol. in-4o ; Amsterdam, 1736, 2 vol. in-4o ; Leyde, 1751, 2 vol. in-8o ; celle ad usum Delphini, 1684, in-4o ; celle du Louvre, 1644, in-12. Il en a paru deux traductions françaises à Paris en 1771 ; l’une par M. de La Harpe, 2 vol. in-8o ; l’autre par M. Ophellot de la Pause, 4 vol. in-8o, qui ont fait oublier les précédentes.

SUEUR (Eustache Le), très-excellent peintre français, étudia sous Vouet avec Le Brun, et fut de l’académie de Peinture et de Sculpture dès son établissement. Il avait un goût exquis. Il prit dans l’étude des figures et des bas-reliefs antiques ce qu’ils ont de grand, de noble et de majestueux ; et dans les ouvrages modernes, ce qu’ils ont de gracieux, de naturel et d’aisé. Le premier ouvrage de conséquence qu’il entreprit fut la vie de saint Bruno, qu’il peignit dans le cloître des Chartreux de Paris, en vingt-deux tableaux d’une beauté admirable, et dont quelques-uns ont été gâtés par une malice détestable. Tous les autres tableaux de ce grand peintre sont aussi d’une beauté extraordinaire ; on y admire dans tous l’idée du beau et de la belle nature. Il mourut à Paris le 30 avril 1655, à 38 ans, sans avoir jamais été en Italie.

SUEUR (Jean Le), célèbre ministre de l’église prétendue réformée, au 17e siècle, fut pasteur de la Ferté-sous-Jouarre en Brie, et composa un Traité de la divinité de l’Écriture sainte, et une Histoire de l’église et de l’empire, Amsterdam, 1730, en 7 vol. in-4o et en 8 in-8o. Cette histoire a été continuée par le ministre Pictet. Elle est estimée.

SUEUR (Nicolas Le), fut reçu conseiller au parlement le 2 mars 1564 ; il eut la satisfaction d’apprendre la réception du roi à Paris ; mais il n’eut pas celle de l’y voir, car il fut assassiné en venant dans cette ville à la fin d’avril 1594. La traduction en vers latins de Pindare, qui est dans l’édition d’Oxford, in-fol., est de lui. Sa poésie est belle, et ne nuit pas à l’explication littérale. Il l’avait fait imprimer en 1582, in-8o. On trouve dans cette édition d’autres poésies du même auteur, qui ne déparent pas sa traduction.

SUÈVES était un nom général sous lequel on comprenait tous les peuples germains qui habitaient depuis les sources du Rhin et du Danube jusqu’à celle de l’Elbe. Au-delà de l’Elbe étaient les grands Suèves ; ils liaient leurs cheveux au lieu de les laisser épars comme les autres Germains. Les Romains les soumirent à différentes fois. Tibère en transféra une partie sur les bords de la mer ; ce qui ne les empêcha pas de se joindre, en 406, à d’autres peuples saxons, et d’envahir la Gaule et l’Espagne mais leur domination y fut éteinte en Espagne par Leuvigilde en 588 ; les autres avaient été soumis par les Français. Leur ancien pays devint même une dépendance de leur empire.

SUFFREN (Jean), né à Salon, diocèse d’Arles, en 1571, se rendit célèbre chez les jésuites, dans la compagnie desquels il entra de bonne heure, par ses talens pour la chaire, pour la conduite des âmes, et surtout par la sainteté de sa vie. Il était confesseur de Marie de Médicis, qui le donna à Louis XIII ; mais au bout de six ans des intrigues de cour le firent renvoyer. Il resta toujours attaché à la reine, et mourut à Flessingue en 1641, en revenant avec elle d’Angleterre pour al-