Page:Ladvocat - Dictionnaire historique - 1822 - Tome 5.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prédécesseurs ont donné aux Suisses, on pourrait paver d’argent une chaussée de Paris à Bâle. — Cela peut être, répliqua sur-le-champ Stuppa ; mais aussi si votre majesté avait tout le sang que les Suisses ont répandu pour le service de la France, on pourrait faite un fleuve de sang de Paris à la ville de Bâle. » Le roi, frappé de cette réponse, ordonna à M. de Louvois de faire payer les Suisses. Il ne faut pas le confondre avec Stoup ou Stuppa, son compatriote ou son frère, selon quelques autres. Lorsque celui-ci était pasteur de l’église de la Savoie à Londres, Cromwel se reposait beaucoup sur lui dans les affaires étrangères, difficiles et délicates. Il prit ensuite le parti des armes, devint brigadier dans les troupes de France, et fut tué à la journée de Steinkerke en 1692. Il est auteur du fameux livre intitulé La religion des Hollandais, 1673, in-12. Jean Braun ou Braunius, professeur en théologie à Nimègue, puis à Groningue, l’a réfuté par un ouvrage intitulé La véritable religion des Hollandais, en 1675, in-12.

STURE, famille illustre de Suède, qui devint la victime de la fureur soupçonneuse d’Éric XIV. Sur de fausses délations par des témoins apostés, le père et les deux fils, Éric et Nicolas, furent arrêtés et mis prisonniers dans le palais d’Upsal. Pendant qu’on instruisait leur procès, le roi se fit ouvrir la prison de Nicolas et lui enfonça un poignard dans le bras. Nicolas se jeta à ses pieds, retira le poignard de la blessure, et le présenta au roi, qui, devenu plus furieux par cette soumission, qui devait le désarmer, le fit assassiner par ses gardes. Le roi va aussitôt dans la prison du père, se jette à ses pieds, et s’écrie dans son désespoir : « Je vous conjure, au nom de Dieu, de me pardonner ce que j’ai fait contre vous. » Volontiers, dit Sture, mais si la vie de mon fils est en danger vous en répondrez devant Dieu. « J’étais bien sûr, s’écria le roi furieux, que vous ne me pardonneriez pas. » Son précepteur se jette à ses pieds et le prie de ne point attenter à la vie de ses illustres prisonniers ; victime de sa bonne action, le roi le fit tuer à l’instant, et il envoya exécuter les autres prisonniers. Ces ordres d’un prince en démence ne furent que trop exactement suivis, et détruisirent jusqu’au dernier rejeton de l’ancienne famille des Sture. Ces assassinats furent cruellement vengés sur leur auteur. Voyez Éric.

STURM, Sturmius (Jean-Christophe), savant mathématicien, né à Hippolstein le 3 novembre 1635, fut pendant cinq ans ministre d’une église en Allemagne, et devint ensuite professeur de philosophie et de mathématiques à Altorf, où il mourut le 26 décembre 1703, à 68 ans. On a de lui plusieurs ouvrages de mathématiques dont les plus estimés sont 1o Mathesis enucleata, en 1 vol. in-8o ; 2o Mathesis juvenilis, en 2 gros vol. in-8o. Son dessein dans ce dernier ouvrage est d’introduire les mathématiques dans les collèges. C’est dommage que ses livres soient si mal imprimés.

STURM, que d’autres nomment mal Sturni (Léonard Christophe), très-célèbre mathématicien, qui excellait dans toutes les parties de l’architecture civile et militaire, naquit à Altorf le 5 novembre 1669. Il s’est acquis une réputation immortelle, par son Cours complet d’architecture, imprimé à Augsbourg en 16 vol. ; et par la traduction latine de l’Architecture curieuse de G. A. Bockler, Nuremberg, 1664, in-fol. Il mourut le 9 juin 1719.

STURMIUS (Jean), savant philologue et médecin du 16e siècle, naquit à Sleida dans l’Eifel près de Cologne le 1er octobre 1507. Il vint à Paris en 1529, y fit des leçons publiques sur les auteurs grecs et latins, et sur la logique, et s’acquit l’estime d’un grand nombre de savans ; mais ayant fait paraître du penchant pour les nouvelles hérésies, il courut de grands dangers, et se retira à Strasbourg en 1537, pour y occuper la charge que les magistrats lui avaient offerte. Il y ouvrit l’année suivante une école qui devint célèbre, et qui, par ses soins, obtint de l’empereur Maximilien II le titre d’académie en 1566. Sturmius entendait bien les humanités, écrivait purement en latin, et enseignait avec beaucoup de méthode ; ce qui fit que le collège de Strasbourg, dont il était recteur, devint le plus florissant