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conde édition. Stern, nourri pendant 40 ans de la lecture de Rabelais, de Swift, de Montagne, de Cervantes, en a fait une cacophonie et un galimatias dans son roman, qui le rendrait insoutenable à la lecture, sans les accessoires ; mais quelques épisodes, les caractères, les descriptions, le dramatique de ses narrations, les réflexions qui déparent souvent les autres ouvrages, font tout le mérite de celui-ci. C’est aussi en l’abrégeant, en substituant des choses étrangères à Stern que M. Prenais et son continuateur sont venus à bout d’en faire quatre volumes supportables pour les Français. Son, Voyage Sentimental, qui a été aussi traduit en français, n’a pas eu d’abord un grand succès ; mais, à force de répéter que Stern est Anglais, que c’est un homme à sentimens qui a une manière de voir et d’observer qui lui est particulière, qui a renouvelé de nos jours, dans ses Lettres à Elisa, l’amour platonique que plusieurs regardent comme une chimère, on s’est cru intéressé à trouver Stern admirable. On nous a donné la traduction de quelques-un de ses sermons ; si les sentimens les ont dictés, ils peuvent intéresser, malgré les digressions et les pensées ingénieuses déplacées ; mais tous les sentimens de Stern ne sont pas bons à développer. Obligé de se séparer de sa femme avec qui il ne pouvait vivre, ne devait-il pas craindre qu’on ne regardât pas comme platonique cet élan de cœur qu’il fait à Elisa Drapper, femme d’un employé dans l’Inde : « Si jamais vous devenez veuve……… je désire vous épouser. Ma femme ne peut vivre long-temps ; elle a déjà parcouru en vain toutes les provinces de la France, et je ne connais pas de femme que j’aimasse mieux que vous pour la remplacer. » Stern est mort en mars 1768, ne laissant d’autre succession à sa femme et à sa fille que ses ouvrages et sa réputation qui n’était pas petite en Angleterre ; car c’était un homme sans mœurs, qui n’observait pas même la décence convenable à son état, sans ordre, ne suivant que ses caprices, indépendant jusqu’au cynisme, qui est le grand titre parmi ses compatriotes, et que quelques-uns des nôtres ont la bonhomie d’admirer.

STERNHOLD (Thomas), poète anglais, prit ses degrés dans l’université d’Oxford. Comme Marot il fut valet de chambre des rois Henri VIII et Édouard VI. Comme lui il débuta par des poésies profanes et des chansons obscènes ; mais quand il eut embrassé le protestantisme, il changea de mœurs et traduisit les Psaumes qu’il mit en musique. Il est mort à Londres en 1549.

STÉSICHORE, très-célèbre poète lyrique grec, natif d’Himère, ville de Sicile, fut, dit-on, surnommé Stésichore, parce qu’il arrêta et fixa la manière de la danse aux înstrumens, ou du chœur sur le théâtre. Il mourut vers 556 avant J.-C Tous les anciens font des œuvres de ce poète les plus magnifiques éloges, mais il ne nous en reste que quelques fragmens avec Alcée.

STÉSICRATE est ce fameux sculpteur et architecte grec, qui offrit à Alexandre-le-Grand de tailler le mont Athos pour en former la statue de ce prince ; de laisser dans chaque main un espace pour y bâtir une ville, et de faire passer la mer entre ses jambes. Les uns disent qu’Alexandre rejeta ce projet ; mais d’autres assurent qu’il l’accepta, et que Stésicrate mourut, son ouvrage n’étant encore qu’ébauché. Ce dernier sentiment nous parait le moins vraisemblable.

STETTLER (Guillaume), élu du grand conseil de Berne en 1680, mort en cette ville en 1708, fut un excellent dessinateur et un habile peintre, surtout en miniature. Il a aussi excellé dans la gravure. On a de lui un excellent Traité de peinture en allemand, Berne, 1707, in-12.

STEUBER (Jean-Engelhard), savant professeur de théologie à Reintelen, et surintendant des églises du comté de Schaumbourg ; était né à Marpurg en 1693. Il a fait de savans traités sur les jubilés des Juifs et sur les premiers-nés, et un grand nombre de dissertations académiques, la plupart sur des textes difficiles de l’Écriture sainte. Il mourut en 1747.

STEUCUS EUGUBINUS (Augustinus), habile écrivain du 16e siècle, surnommé Eugubinus parce qu’il était natif d’Eugubio, dans le duché d’Urbin. Il était savant dans les langues