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les plus défavorables, et monta souvent les têtes contre lui à un tel point, qu’il fut exposé à des dangers pressans et poursuivi à coups de pierres par la populace. Il n’opposa jamais, aux injures et aux avanies qui lui furent faites, qu’une patience et une douceur, qui en imposèrent même à ses ennemis. Ses adhérens augmentèrent considérablement, et il fut obligé de s’adjoindre des prédisans. Enfin, soutenu par quelques personnes de distinction, il prêcha paisiblement sur la place de Moorfields, et finit par faire bâtir un temple qu’il nomma le tabernacle. Sa sobriété, son désintéressement, et surtout l’exactitude avec laquelle il distribuait aux pauvres, les aumônes qui étaient déposées entre ses mains, contribuèrent beaucoup à la propagation de ses maximes, qui cependant étaient peu conformes aux principes de la foi. Il fit plusieurs voyages en Amérique, et n’y fut pas moins heureux qu’en Europe. Enfin il mourut avec le calme d’un homme qui constamment vertueux, a été le soutien et le bienfaiteur de l’humanité. Ses sectateurs arrosèrent sa tombe de leurs larmes, et son nom resta en vénération pour eux.


Z

ZIANI (Sébastien), était doge de Venise, en 1178, époque où le goût des beaux-arts semblait anéanti dans l’Europe ; Cependant, désirant d’embellir la ville dans laquelle il commandait, il fit venir de la Lombardie et de Constantinople deux architectes distingués par leurs talens, dont les noms ne sont pas parvenus jusqu’à nous. L’un tira de la Grèce deux superbes colonnes de marbre, qui furent élevées sur la place principale de Venise, et l’autre se chargea de la construction de la magnifique église de Saint-Marc. On compte dans cette église, surchargée d’ornemens, plus de cinq cents colonnes. Dans le portique est placée la statue d’un vieillard, qu’on croit être l’architecte lui-même, dont le doigt est posé sur la bouche. Les quatre fameux chevaux, connus sous le nom de chevaux de Venise, et dans lesquels tout est précieux, jusqu’au métal, dont ils sont formés, se voyaient sur une galerie pratiquée au-dessus du portique. Ces chevaux amenés de Constantinople, où ils dominaient l’arc de triomphe de Néron, furent transportés, pendant la révolution de Venise à Paris, dorés sous le règne de Napoléon, et placés sur l’arc de triomphe de la place du Carrousel ; mais, depuis le dernier envahissement de la France par les puissances alliées, ces superbes chevaux, sont devenus, avec une infinité d’autres monumens précieux, la proie des étrangers.


FIN DU CINQUIÈME VOLUME