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n’avait rien employé pour se rendre honnête homme, il faisait remarquer « qu’on courait de tous côtés pour voir sa maison, mais que personne ne s’empressait pour le voir. » Lors du massacre que faisaient les trente tyrans qui gouvernaient la ville d’Athènes, il dit à un philosophe : « Consolons-nous de n’être pas, comme les grands, le sujet des tragédies ». Un physionomiste ayant dit de lui qu’il était brutal, impudique et ivrogne, ses disciples en firent des risées, et voulaient le maltraiter ; mais Socrate les en empêcha, en avouant qu’il avait eu du penchant pour tous ces vices ; mais qu’il s’en était corrigé par la raison. Il disait ordinairement « qu’on avait grand soin de faire un portrait qui ressemblât, et qu’on n’en avait point de ressembler à la divinité dont on est le portrait ; qu’on se parait, au miroir, qu’on ne se parait point de la vertu. » Il ajoutait « qu’il en est d’une mauvaise femme comme d’un cheval vicieux, auquel, lorsqu’on est accoutumé, tous les autres semblent bons. » Socrate par ces paroles faisait allusion à sa femme Xantippe, qui exerçait sans cesse sa patience par son humeur bizarre, emportée et violente. Il avait aussi épousé Myrto, petite-fille du juste Aristide. Il avait coutume de dire « que la seule chose qu’il savait, c’est qu’il ne savait rien ». Il attaqua surtout dans ses leçons les sophistes, et ces raisonneurs impitoyables qui, par un vain étalage de mots étudiés et de phrases arrangées avec art, séduisaient sans rien apprendre. Il enseignait gratuitement, en haut lieu et dans toutes les occasions, sans avoir d’école ouverte, ni d’heures marquées par ses leçons. C’est principalement à ce grand philosophe que la Grèce fut redevable de sa gloire et de sa splendeur. Il eut pour disciples et forma les hommes les plus célèbres de la Grèce, en tous les genres, tels que Alcibiade, Xénophon, Platon, etc. Mais ses services et ses grandes qualités ne le mirent point à l’abri de l’envie, de la persécution et de la calomnie. Aristophane le joua dans sa comédie des Nuées ? Les trente tyrans lui défendirent d’enseigner la jeunesse ; et comme il se moquait de la pluralité des dieux du paganisme, et n’amettait qu’une seule divinité, il fut accusé d’impiété par Anyte et par Mélite, et condamné à boire du jus de ciguë, dont il mourut 400 avant J.-C., âgé de 70 ans. Lorsqu’on lui rapporta qu’il avait été condamné à mort par les Athéniens : « Et eux, dit-il, le sont par la nature. » Comme sa femme s’écriait « qu’il avait été condamné injustement. — Voudrais-tu, reprit-il, que ce fût justement. » Le jour qu’il devait boire le poison, un de ses amis lui ayant envoyé une belle robe, il la refusa, en disant : « Est-ce que celle qui m’a servi pendant ma vie ne me suffira pas à la mort ? » À peine était-il mort, que les Athéniens reconnurent leur erreur ; Mélite fut condamné à mort, les autres furent bannis : ils firent placer la statue de Socrate en bronze dans le lieu le plus apparent de la ville. Socrate ne laissa aucun écrit. Il avait seulement mis en vers, pendant sa prison, les fables d’Ésope. Mais ces vers ne sont point parvenus jusqu’à nous. « C’est le premier des philosophes, dit Cicéron dans ses Tusculanes, liv. 3, qui fit descendre du ciel la philosophie, pour l’introduire dans les villes, et même dans les maisons, et qui apprit aux particuliers à raisonner sur la conduite de la vie, sur le juste et l’injuste, etc. » Ceux qui voudront s’instruire plus particulièrement de ce qui concerne ce grand philosophe, peuvent lire sa Vie, écrite par Charpentier, et surtout les œuvres de Platon et de Xénophon. L’abbé Fraguier l’a parfaitement bien justifié sur la pureté de ses mœurs envers Alcibiade. Allatius a donné ses Lettres avec celles d’autres philosophes socratiques, Paris, 1637, in-4o.

SOCRATE-LE-SCOLASTIQUE, écrivain grec du cinquième siècle, dont nous avons une Histoire ecclésiastique en sept livres, qui est une continuation d’Eusèbe, et qui comprend ce qui s’est passé dans l’Église depuis Constantin jusqu’au règne de l’empereur Théodose-le-Jeune, c’est-à-dire depuis 306 jusqu’en 439. On le blâme de n’être point toujours exact dans les faits qu’il rapporte, ni dans l’exposition des dogmes ecclésiastiques, et on l’accuse, avec raison, d’avoir favorisé les novatiens. On la trouve avec Eusèbe et dans la Bibliothèque des Pères.